samedi 14 mai 2016

Le retour de Marcelin Pleynet dans La Cause Littéraire


« Là où c’était, je suis revenu…
C’est un miracle de se retrouver à nouveau sur ces rives de l’Adriatique…
Les dieux de toute évidence sont avec moi… »
 
Le retour est le roman de la résurrection, de la visitation, de cet absolu silencieux et secret qui se partage dans la rigueur de l’écriture. Marcelin Pleynet écrit là un livre apaisé et joyeux, comme la musique qu’il ne cesse d’écouter dans sa librairie qui s’ouvre sur le canal musical de Venise. Les dieux sont là, silencieux et protecteurs. L’écrivain à flirté avec la mort, échappé au pire, mais il s’est relevé et a retrouvé sa mémoire en miettes, il en a fait un roman au titre bien venu, Le savoir-vivre. Le retour est un roman de l’après, serein, détaché des contraintes – ces aventures plus ou moins familiales et contraignantes – même si elles ne manquent pas de s’inviter : un fils – Je le regarde s’éloigner, trop grand… sa démarche est vive, souple, naturelle… –, un frère, une nièce – Un port de tête d’une réelle noblesse, ce qui n’est pas commun chez les jeunes filles de son âge… –, une perturbation météorologique dont le narrateur va se défaire pour vivre dans la plus grande et plus heureuse solitude.
Le retour est un roman accordé aux couleurs du ciel et du Grand Canal, l’écrivain s’y glisse et y glisse avec l’énergie vitale d’un musicien. Le retour s’accorde à la musique de Venise, une ville musique pour un écrivain musicien qui sait composer sa vie.
 
« Au matin le soleil finalement se lève, il illumine la ville d’une chaleur jaune et orange qui engage à la promenade… Je ne résiste pas, je sors.
Le soir, je vais à la Fenice écouter les Vêpres de la Vierge, de Monteverdi ».






Le retour est un roman de renaissance, on renaît de ses mots (les cendres des écrivains), de ses maux, et pas n’importe où, à Venise. Venise qui s’ouvre à Marcelin Pleynet depuis des décennies, et il ne s’en lasse pas, ses surprises sont quotidiennes, ciel, peintres, églises, musiciens, il y vit sa vie libre, en permanence renouvelée et ses  livres en témoignent. Baudelaire est là, il suffit d’être attentif, mais aussi Poe et de Maistre, qui m’ont appris à penser, Heidegger, François Cheng, Rimbaud – Toute poésie antique, aboutit à la poésie grecque. Vie harmonieuse. – Ils se croisent dans les Carnets de l’écrivain et dans ses romans – Ces Carnets s’accumulent sur mon bureau… une bonne cinquantaine désormais… Je les utilise à l’occasion pour écrire mes livres… – un autre viendra, consacré à Céline et à Nietzsche et d’autres encore, l’éternité joue toujours en faveur des écrivains et des poètes, comme elle joue en faveur de la Sérénissime qui n’a pas dit son dernier mot, contrairement à ceux qui ne la voient que sombrant dans l’Adriatique.
 
« Il faut que nous fassions un grand usage des choses pour notre bénédiction, quelles qu’elles soient, où que nous soyons, quoi que nous voyions ou entendions, quelque étrangères ou inégales qu’elles soient. C’est alors seulement, et pas avant, que nous sommes sur la bonne voie, dont jamais l’homme ne verra la fin ».
 
Le retour, est un roman heureux. Marcelin Pleynet, attentif à ce qu’il voit, ce qu’il entend et à ce qu’il vit : « Je suis constamment en train de jouer les sensations que j’ai vécues »* a écrit un roman très chinois – La calligraphie : musique visible… corps, peinture… littérature : pinceau musical… –, roman du retrait, de la retraite silencieuse et joyeuse dans son île – Venise est encore la retraite rêvée, et je vais devoir y vivre dans plus grande et heureuse solitude. Je n’ai plus de fils… –, roman musical dont l’écho les ondes s’entendent et s’étendent pour notre plus grand plaisir.
 
Philippe Chauché
 
* entretien avec Arnaud Le Vac : http://www.pileface.com/sollers/spip.php?article1717
 

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